Bébé

Diversification alimentaire des bébés : ce que disent les dernières études scientifiques.

mardi, août 11, 2015

Il y a longtemps que je voulais écrire cette article, et d'autres aussi (pendant mes vacances je vais tenter de vous écrire les articles qui racontent la diversification alimentaire et le rapport à la nourriture qu'ont mes 3 enfants, tous différents!) Donc j'ai participé il y a quelque temps maintenant à un colloque sur l'alimentation du jeune enfant dans le cadre de la formation continue des professionnels de la petite enfance. J'avais à cette occasion noté pas mal de chose utile. J'ai dernièrement lu des ouvrages qui reprenaient ses nouvelles données sur l'alimentation des bébés, les nouvelles études scientifiques en matière de diversification alimentaire.
Je vais donc vous donner quelques pistes toutes issues d'études scientifiques récentes.
J'espère réussir à vous donner des pistes. Loin de moi l'idée de vouloir vous donner des vérités, une manière de faire unique, je partage juste un point de vue que je partage certes mais qui n'en fais pas pour autant une vérité absolue, chaque enfant est différent et ses parents également ne l'oublions pas.



Sacha 7 mois - il prend les choses en main!


A la découverte du goût :

Dès la vie intra utérine le bébé se familiarise avec les goûts via le liquide amniotique. L'alimentation de la mère enceinte est déjà importante dans la future découverte du goûts de son enfant à venir, plus la palette de saveurs sera large mieux ce sera.

L'allaitement est la suite logique à cette découverte. L'allaitement maternel est d'une richesse et d'une diversité sensorielle incomparable, il se parfume des arômes présents dans l'alimentation de la mère.
Il est d'ailleurs prouvé que les enfants nourris au sein acceptent plus rapidement et plus facilement un aliment nouveau et en consomment même plus. Si vous n'allaitez pas, pas de panique, cela sera peut-être un peu plus long pour qu'il apprécie différents aliments mais ce n'est même pas sûr.

Qu'elle est la meilleure période pour commencer la diversification alimentaire?

Les récentes études situe cette période entre 4 et 6 mois.

Pourquoi?
Car durant cette période l'introduction de nouveaux aliments semble plus aisée (le bébé refuse la nouveauté dans seulement 10% des cas) Certains chercheurs parlent même de période quasi idéale, propice aux découvertes sensorielles.

Mais comment commencer cette diversification?

Il semblerait selon les études qu'il serait préférable dès le début de la diversification de présenter à bébé des goûts différents chaque jour et ne pas se cantonner à quelques légumes et fruits. De présenter également des purées au goût bien distinct (pas de mélange de légumes ou fruits aillant un gout quasiment similaire d'un jour à l'autre)
Toujours dans le but d'exposer le bébé à un nombre de saveurs multiples dans ce créneau des 4-6 voire 7 mois pour certains ce qui limiterai sa néophobie plus tard.

Et pour le gluten je l'introduis à quel âge ?

De nombreuses études, certaines assez anciennes, ont mis en avant le fait que l'introduction du gluten devait se faire entre 4 et 6 mois pour réduire le risque de maladie cœliaque à l'âge adulte.
 
 
 
      Fréquence de la maladie cœliaque en fonction de l'âge d'introduction du gluten
Avant 4 mois
 
4,24 cas/ 1000 enfants
5 ou 6 mois
 
3,68 cas/ 1000 enfants
Après 6 mois
 
4,15 cas/ 1000 enfants

Qu'en est-il de l'introduction des morceaux?

Là encore une période semble permettre une meilleure appréhension de cette phase de la diversification : entre 6 et 10 mois car c'est dans ce laps de temps que les capacités masticatoires de bébé pourront se développer notablement.

Malgré tout 23% des enfants de cette âge éprouvent des difficultés avec une alimentation texturée.
Cependant un étude récente montre que les enfants que acceptent facilement un plat de carottes en morceaux à 12 mois on fait l'expérience d'une alimentation texturée entre 6 et 10 mois.
Pour finir une étude sur un grand nombre d'enfants montre que l'introduction des morceaux après le 9ème mois est associée à des profils alimentaires plus difficiles à 7 ans et à une moindre consommation de fruits et de légumes.

Fait maison ou petits pots ?

Les études montrent que la consommation de légumes cuisinés maison avant 6 mois est associée à une plus forte consommation de fruits et de légumes à l'âge de 7 ans.

Ainsi montrent-elle qu'une alimentation plus gouteuse et texturée durant la prime enfance faciliterait la consommation ultérieure d'aliments fibreux et au goût marqué comme les légumes.
Une autre étude précise qu'une saveur en premier lieu présentée sous sa forme maison (compote de pommes par exemple) ne sera pas ensuite boudée sous sa forme "industrielle" malheureusement l'inverse n'est pas vrai.

Le fait de proposer principalement des aliments industrialisés aura pour effet de restreindre le répertoire gustatif et sensorielle (texture mixée +++, goût affadi par la stérilisation...) de l'enfant et limitera son ouverture vers d'autres formes de présentation.

Et si bébé n'aime pas les haricots verts, la poire ou les épinards... que faire?

Il s'avère selon les expérimentations, que l'enfant apprend très tôt à aimer les aliments initialement rejetés. Ainsi une étude réalisée auprès de bébés de 4 à 7 mois indique que la consommation d'une purée a priori rejetée augmente au fur et à mesure des présentation pour atteindre le niveau de consommation d'un aliment apprécié au terme de 8 essais.

Bien souvent le bébé associe un aliment apprécié à sa valeur énergétique, à la sensation de rassasiement qu'il lui procure ( c'est le cas des pâtes, pommes de terre, riz.... souvent fortement appréciés)

Mon enfant de 2-3 ans ne veut plus rien manger à part les pâtes, le riz et le pain pourquoi?

Entre 2 et 3 ans il a été montré que les gouts des enfants se précisent et se stabilisent. C'est comme si après une période d'essais (d'ouverture) les enfants sélectionnés et reconnaissaient leur aliments favoris. Cette sélection qui abouti à une restriction du répertoire alimentaire et concomitante avec l'apparition d'un autre phénomène : la néophobie alimentaire. Environ 50% des enfants âgés de 2 ans éprouvent une réticence à gouter un aliment non familier ou un aliment habituel présenté sous une autre forme.

La néophobie reste une phase normale du développement elle est extrêmement variable d'un enfant à l'autre et est présente dans l'évolution de l'homme depuis la nuit des temps elle touche toutes les espèces d'omnivores qui doivent faire des choix pour se nourrir (ce comportement primaire diminuant les risques d'intoxication lors de la découverte de nouveaux aliments)

Mais alors comment limiter l'expression de cette néophobie?

Il semble établi aujourd'hui que la variété sensorielle précoce du régime durant les premières années de la vie peut réduire la néophobie chez l'enfant.
On n'insistera donc jamais assez sur la nécessité de proposer très tôt une palette sensorielle étendue ce qui veut dire des goût divers mais aussi des textures, des façons différentes de présenter , cuire, cuisiner un aliment. De répéter la présentation d'un aliment à priori non apprécié (jusqu'à 8 fois!)

Il est utile de préciser que cette apprentissage peut-être renforcé si un adulte en consomme devant l'enfant par simple effet de mimétisme. Exit donc les repas en deux temps systématiques (enfants puis parents) ou les repas à la carte en fonction des préférences (je dis bien préférences et ne parle pas de régimes spécifique à certaines maladies et/ou conviction : végétarien ... qu'il est d'ailleurs préférable qu'elles soient suivi par l'ensemble de la famille si elles ne sont pas trop restrictives) de chacun ( Papa sans légumes, maman sans viande et bébé son petit pot)

Des études révèlent également que les pratiques éducatives expliquent environ 20 % des comportements difficiles de l'enfant à table ( sélectif, néophobe, peu d'intérêt pour la nourriture) en voilà 3 délétères :

- Le fait d'adopter un style éducatif permissif (peu de règles imposées, centration sur les désirs et les goûts de l'enfant)
- de cuisiner selon ses goûts uniquement
- d'user de stratégies coercitives (punir, gronder, forcer l'enfant)

Je rajouterais que les mamans ou les papas qui ont eux aussi des problèmes alimentaires (anorexie, boulimie, aversion alimentaire...) devraient déléguer ce moment dans la mesure du possible ou se faire aider si elles pensent prendre trop à cœur ce temps du repas, les enjeux alimentaires de leur enfant...

Pour conclure
Je rappellerais que pour cuisiner pour bébé il faut retenir quelques éléments essentiels :

Pas de sel ou très peu
Peu de sucre
Des matières grasses de qualité
Du lait et de l'eau et c'est tout
Et enfin fruits et légumes en quantité et variété !

Je me suis servie d'études scientifiques sérieuses pour écrire cette article et j'espère qu'il pourra vous aider au quotidien dans l'alimentation de vos tout petits. Je sais aussi que le sujet est souvent sujet à polémique. Et que chaque enfant est différent et qu'une technique peut fonctionner pour un et pas pour un autre, je pourrais vous en parler d'ailleurs plus amplement dans un prochain article ou je vous exposerais mon témoignage sur la diversification alimentaire  de mes 3 enfants et leurs relations à la nourriture.

***Et vous avez vous suffit les études scientifiques, l'avis de votre pédiatre, votre propre ressenti pour mener à  bien la diversification alimentaire de votre enfant?

***Je lance également un appel à témoin, mes enfants ont "un peu" pratiqué la DME (diversification menée par l'enfant) mais pour différentes raisons je n'ai pas suivi à 100%  cette méthode, je serais ravie d'inviter une maman à écrire sur le blog son expérience avec son bibou, avoir ses conseils, me conseiller des ouvrages de références ....

*** Retrouver toutes mes recettes pour bébé ici = http://camelie-camelie.blogspot.fr/search/label/B%C3%A9b%C3%A9

Je vous fais également partager quelques photos de mes loulous (bébé) lors de leur prise de repas
 
Alexis 10 mois - 2 dents - bâtonnets de carottes cuites
Alexis 4 mois 1/2 morceau de pain dur
Camille 7 mois - les repas = une joie

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4 commentaires

  1. Ne sont-ils pas trop mignons ces bout'chou ?!?! Ahah je les ai presque tous reconnu sauf Alexis et son bout de pain, je pensais que c'était Camille ^^
    Ahlala mes petits zamours

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    1. Hihihi oui je me suis régalée à fouiller dans les anciennes photos pour dénicher des moments de repas des 3 loustics, il n'y a aucun doute que Camille et Alexis se ressemblent terriblement je comprends qu'on puisse s'y casser le nez, Alexis se trompe aussi bien souvent alors qu'il reconnait Sacha à tout âge!

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  2. La mienne a deux ans, et en plus dans cette étape de "néophobie"! Pourtant je cuisine à fond depuis que je l'ai mais elle ne mangerait que des pâtes... Je retiendrai les 8 essais avant de me décourager ! Et manger en même temps qu'elle, je le fais très souvent, elle a moins peur de se lancer en me voyant manger la même chose! Hâte de lire ton expérience avec tes 3 enfants ! Pour la DME j'aurais adoré mais avec la reprise du travail, j'ai dû la mettre chez la nourrice qui ne m'aurait pas suivi là-dessus...

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    1. Merci pour ton expérience et ton commentaire, alala oui les pâtes c'est le graal alimentaire pour la plupart des enfants, pour détourner le problème je prépare des pâtes avec des sauces aux légumes, ça fonctionne avec mes loustics mais pas forcément avec tous! Pour la DME idem ici avec la reprise du travail impossible donc on a fait un peu des deux (mixé et dme sans se prendre la tête et c'était plutôt sympa) ;-)

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Merci pour vos commentaires c'est toujours pour moi un grand plaisir de vous lire